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Compte rendu du Congrès des Juristes d'Entreprise OHADA / DOUALA du 25 au 28 juin 2008

  • 08/07/2008
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Après la tenue de la première édition du Congrès des Juristes d'entreprise de l'espace OHADA (COJA 2008) à Douala, du 25 au 28 juin dernier (Voir la lettre d'information du 27 mai 2008), le Centre Africain pour le Droit & le Développement a le plaisir et l'avantage de soumettre à la communauté OHADA le rapport de synthèse ci-après : Le thème central du COJA 2008 était: « Actualité et défis de la fonction juridique en entreprise ». Cette thématique inspirait d'une part, de faire l'état des lieux de la relation de l'entreprise avec les juristes tant internes qu'externes et, d'autre part, de passer en revue les évolutions normatives et techniques auxquelles les juristes d'entreprise font désormais face en raison, particulièrement, de l'avènement de l'OHADA et des sources et institutions supranationales telles l'UEMOA et la CEMAC. Cette double articulation a permis de faire le point et d'ouvrir la réflexion sur les aspects suivants : - les missions et le statut du juriste interne ; - la question du marché du droit et celle de l'organisation des professions juridiques ; - la question du développement et de la prolifération des sources et des institutions juridictionnelles communautaires ; - les enjeux de l'appropriation des nouveaux droits communautaires par les juges et les professionnels du droit ; - la manière dont les avocats, principaux interfaces dans la relation de l'entreprise avec le droit, perçoivent et traitent les mutations juridiques et institutionnelles au sein de l'espace OHADA ; - la question de la promotion du droit des affaires, à travers des témoignages autour de l'activité des associations dédiées. A l'issue des travaux, les enseignements ci-après ont pu être dégagés : I. Sur les missions et la place du Juriste d'entreprise : Que le juriste interne renvoie l'image d'un employé occupant les rangs intermédiaires, bien souvent derrière les financiers ou les commerciaux par exemple, alors même que de par la portée de leur fonction qui est la sécurisation juridique des opérations, décisions et intérêts de l'entreprise, ils ont tout pour s'intégrer davantage dans l'entreprise. Que la place des juristes internes au sein de l'entreprise sera ce que les juristes eux-mêmes voudront en faire. En effet, il été souligné qu'il appartient à chacun de donner du contenu à son poste, de le dimensionner, de s'afficher comme une force de proposition, à l'image du panier vide qu'on choisit de remplir à moitié ou à ras-bord... ; Que le juriste d'entreprise doit être « un moteur de recherche », en se formant aux disciplines complémentaires (fiscalité, gestion, ressources humaines, etc.) et en faisant « le tour de l'entreprise » en s'intéressant aux autres métiers de son entreprise, dans la mesure où il est appelé à anticiper ou à gérer les différents niveaux de risques juridiques qui pourraient s'y présenter ; Que la fonction juridique est différemment perçue et organisée dans les entreprises de culture anglo-saxonne. En effet, dans ces entreprises, le juriste interne est généralement mieux intégré dans les processus décisionnels, avec, au surplus, une vocation plus affirmée en tant que détenteur de la mémoire écrite de l'entreprise (fonction Company secretary). Cette constatation a inspiré une réflexion tendant à envisager la mise en place d'un système d'échange de « stagiaires » entre entreprises francophones et entreprises anglophones implantées dans l'espace OHADAs. II. Sur le marché du droit : Que la tradition de l'éclatement des professions juridiques devrait opportunément céder place à la fusion (des professions d'avocat et de conseil juridique, spécialement) pour une synergie encore plus grande et une meilleure offre de solutions juridiques aux entreprises ; Que en attendant la fusion que d'aucuns ont estimé « incontournable et salutaire », il a été souligné la nécessité pour les avocats et les conseils juridiques d'évoluer vers la maîtrise des connaissances additionnelles tels les langues étrangères, les Nouvelles Technologies de l'Information et le management, en même temps que ces fonctions doivent désormais dépasser les labels nationaux au nom de la mobilité internationale et des interconnexions professionnelles ; Que désormais, les juristes d'entreprise et les autres professionnels du droit doivent savoir compter avec l'arbitrage dont les atouts, multiples, doivent être exploités. L'arbitrage a en effet été présenté non seulement comme un outil fiable de traitement des contentieux d'affaires, mais encore comme une source d'opportunités professionnelles pour les juristes d'affaires (qui peuvent ainsi exercer soit comme arbitres, soit comme conseils des parties, soit comme experts nommés). III. Sur les mutations de l'environnement juridique : Que les mutations des normes juridiques et des institutions observées au sein de l'espace OHADA appellent les juristes d'entreprise à une remise à niveau permanente. Cette remise à niveau devra passer par la formation continue et permanente ; elle devra passer également par l'adoption des « réflexes de juristes communautaires », en rupture avec les vues nationales ou même sous-régionales. C'est alors qu'il a été noté - pour le regretter - que les juristes d'entreprise ne sont pas associés aux travaux des Commissions Nationales OHADA. Appel a alors été fait aux pouvoirs publics pour qu'ils veillent à associer les Juristes d'entreprise à la préparation des Actes uniformes afin de leur permettre de prendre la place qui leur revient dans la construction du nouveau droit des affaires ; Que l'inflation des textes et des institutions communautaires doit être maîtrisée par le législateur pour une meilleure cohérence du corpus juridique africain, et surtout pour garantir l'appropriation et l'application de ce corpus par les juges et les autres professionnels du droit. De fait il a été noté qu'en pratique, la frontière des compétences matérielles n'est pas toujours clairement définie entre la CCJA et les autres juridictions communautaires (CEMAC et UEMOA) ; Que pour atteindre l'efficience des institutions juridictionnelles communautaires, il a été proposé que soit envisagée la mise en place d'un dispositif tendant à améliorer la relation entre juges nationaux et juges communautaires. Ce dispositif passerait, par exemple, par l'institution d'un système d'avis obligatoires de la CCJA, ou encore la mise en place des cellules spécialisées auprès des Greffes des juridictions nationales chargées de recueillir les avis et recours, et de les transmettre à la CCJA ; Que sur un plan structurel, les mutations de l'environnement des affaires ont entrainé l'émergence d'associations et organisations juridiques dans la plupart des Etats membres de l'OHADA. Ces structures tentent, chacune selon sa philosophie et ses capacités, de contribuer à la promotion de l'intégration juridique et au renforcement des capacités des juristes apprenants ou exerçants de l'espace OHADA. IV. Participations au COJA 2008 - Les panélistes Les Panélistes, au nombre de 18, venaient du Bénin, Cameroun, Côte-d'Ivoire, France, Gabon, Mali et Nigeria, et représentaient différentes professions juridiques et parajuridiques (juristes d'entreprise, avocats, notaires, huissiers de justice, universitaires, spécialistes de l'arbitrage commercial et DRH). La présence des panélistes de culture juridique anglo-saxonne a permis de croiser des regards sur plusieurs thèmes, dont notamment relativement à au statut du juriste interne ou à l'organisation des professions juridiques et du marché du droit. - Les participants Pour une première édition, le COJA a connu une participation honorable. De haut niveau et représentant des entreprises issues de divers secteurs d'activités, les participants venaient en tout de 11 pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte-d'Ivoire, Gabon, France, Mali, Niger, Nigeria, RCA, République de Guinée), et étaient constitués pour les 3/5e des directions juridiques d'entreprises privées et publiques, le reste étant composé d'avocats, de notaires, d'huissiers de justice, de magistrats et d'universitaires. Certaines entreprises se sont d'ailleurs illustrées par leur fort niveau de présence, soit en faisant participer l'essentiel de leurs effectifs juridiques, soit en s'organisant pour inscrire au moins un cadre juriste par filiale africaine, ce qui manifeste de l'intérêt accordé au cadre de concertation et de bonnes pratiques qu'est le COJA. - Les partenaires Le COJA 2008 a bénéficié du concours direct ou politique des partenaires institutionnels, en l'occurrence, le Secrétariat Permanent de l'OHADA, l'UNIDA et l'OIF. Quelques entreprises, telles la SNI, AES SONEL, MTN CAMEROON, CAC Cameroun, EMPLOI SERVICE, ont également tenu à associer leur image à la manifestation. V. Principaux engagements du COJA 2008 La première édition du Congrès des Juristes d'entreprise de l'espace OHADA a donné lieu à une véritable prise de conscience de ce que la fonction juridique, en tant que fonction d'aide à la décision et de défense des intérêts de l'entreprise, est une des fonctions-clés de l'entreprise. A cet égard, les Juristes d'entreprise ayant participé au COJA 2008 ont compris qu'il est temps pour eux de savoir s'assumer et s'affirmer positivement tant vis-à-vis de leur management, des autres métiers de l'entreprise que des prestataires juridiques auxquels l'entreprise doit ponctuellement faire appel. C'est pourquoi, les congressistes de Douala ont, à l'unanimité, salué l'initiative du CA2D dans son principe et sa déclinaison opérationnelle, et ont souhaité voir le COJA, cadre pluridisciplinaire et multiculturel de rencontres, d'apprentissage et d'échange de bonnes pratiques, devenir un événement-référence pour la grande et dynamique famille des Juristes d'entreprise de l'espace OHADA. D'où l'engagement pris par le CA2D de se mettre d'ores et déjà au travail pour la conception et la préparation du COJA 2009. Une édition dont il est permis d'attendre beaucoup et mieux, le CA2D et ses partenaires s'étant également engagés à capitaliser les leçons apprises à la faveur de la première expérience. Renseignements : CA2D, BP 570 Yaoundé - CAMEROUN Contact : Dr. Sadjo OUSMANOU, Directeur du Congrès Tel. : +237 22 23 16 74 ou +237 22 04 28 61 Fax : +237 22 04 62 62

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