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OHADA RDC / Compte rendu de la session de renforcement des capacités en droit OHADA des femmes entrepreneures (Entreprendre au féminin) de LUBUMBASHI (KATANGA - RDC) - 13 au 13 mai 2015 à LUBULBASHI, organisée par l'AEDJ

  • 25/06/2015
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photo1L'Association pour l'Efficacité du Droit et de la Justice dans l'espace OHADA (AEDJ) a le plaisir de porter à votre connaissance les échos des trois journées de formation des femmes entrepreneures de ville de LUBUMBASHI, en République Démocratique du Congo. Cette session s'inscrit dans la continuité des journées de formation des femmes entrepreneures des villes de BOUAKE (RCI), KINSHASA, GOMA et KISANGANI (RDC).

Cette session a permis de former 42 femmes entrepreneures de LUBUMBASHI (deuxième ville de la RDC). La formation, organisée grâce au concours technique et financier de l'Ambassade de France en RDC, s'est déroulée dans la salle de conférence de l'Institut Français de LUBUMBASHI (HALLE DE L'ETOILE).

Les femmes d'affaires participantes exercent leurs activités dans différents secteurs tels que l'agroalimentaire, l'agriculture, l'artisanat, la cosmétique, l'édition, la micro finance, le commerce import-export, les marchés publics et le commerce de détail dans les marchés de LUBUMBASHI ainsi que de la menuiserie. Certaines gèrent des entreprises ayant la forme de SARL OHADA, de coopérative simplifiée, de coopérative avec conseil d'administration. D'autres exercent leurs activités en qualité de commerçante immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM). Certaines d'entre elles exercent également dans le secteur dit « informel » de l'économie congolaise. Elles font parties, pour la plupart, des associations qui œuvrent en faveur de la reconnaissance du statut des femmes entrepreneures en RDC.

photo2Etendue sur trois jours, cette session de formation a permis aux femmes entrepreneures participantes d'exprimer l'état de leur connaissance du droit de l'OHADA ainsi que leurs attentes suite à l'entrée en vigueur du droit OHADA au Congo. Les travaux de cette session se sont déroulés en Français et en swahili, une des langues Nationales parlée à Lubumbashi.

Cette formation sur mesure, adaptée au profil et aux réalités de l'environnement économique dans lequel évoluent les participantes, a été conçue par l'équipe de l'AEDJ et couvrait tous les aspects de la gestion et du pilotage juridiques de l'activité commerciale : négocier, rédiger et sécuriser ses contrats commerciaux ; sécuriser ses créances et optimiser la gestion de sa trésorerie grâce aux solutions qu'offrent le droit et la jurisprudence OHADA ; accéder équitablement au financement des activités des femmes entrepreneures; développer l' activité en s'associant aux autres ; ouvrir son capital aux investisseurs ; intégrer la conformité légale dans la stratégie de gouvernance de son entreprise ; prévenir et gérer les difficultés économiques de son entreprise en droit OHADA ; prévenir et régler autrement les litiges commerciaux en ayant connaissance des solutions apportées par le droit OHADA ; maîtriser le statut juridique du dirigeant social.

Des intervenants ont été mobilisés et ont travaillé selon une approche pédagogique axée sur les apports du droit OHADA à la sécurisation des transactions et des pratiques commerciales en RDC. Des échanges d'expérience entre les intervenants et les participantes sont venus renforcer les enseignements reçus par les femmes entrepreneures.

Résumé du rapport de la session :

photo3Après avoir constaté que la quasi-totalité des femmes entrepreneures présentes connaissaient de manière insuffisante le droit OHADA, nous leur avons présenté ce droit ainsi que les spécificités de l'« Entreprenariat au féminin ».

Nous avons également constaté que sur les 42 participantes, seules 9 femmes entrepreneures exerçaient dans le secteur formel, les autres exerçant dans le secteur informel.

Les femmes entrepreneures exerçant dans le secteur formel ont principalement choisi de créer des sociétés. Parmi les formes sociales qui existent en droit OHADA, ce sont la Société à Responsabilité Limitée et la société coopérative qui rencontrent du succès auprès de ces femmes entrepreneures de la ville de LUBUMBASHI.

Pour les femmes entrepreneures qui exercent dans le secteur informel, les principales raisons de l'informalité sont les suivantes :

  • l'ignorance des avantages qu'offre le cadre juridique OHADA ;
  • la crainte d'entreprendre dans un cadre formel ;
  • la crainte d'une imposition démesurée et confiscatoire ;
  • le coût des procédures.

Pour celles qui exercent dans le secteur formel, les femmes entrepreneures n'y trouvent que des avantages et ne regrettent pas d'avoir formalisé leurs activités. Certaines d'entre elles ont ainsi pu notamment bénéficier de financement pour démarrer leurs activités.

Le relevé des besoins de ces femmes entrepreneures nous a permis de constater que leurs principales difficultés étaient les suivantes :

  • l'élaboration d'un plan d'affaires (« business plan ») ;
  • le choix de la structure juridique ;
  • la recherche des financements et des aides éventuelles. Les autres difficultés étaient les suivantes : le manque d'infrastructures routières et logistiques ;
  • le manque d'informations utiles et de formation opérationnelle ;
  • la quasi-impossibilité d'accéder au financement bancaire pour les femmes entrepreneures qui ne disposent pas de biens à donner en garantie, même pour les crédits de montant modeste ;
  • le coût très élevé du crédit octroyé par les établissements bancaires et de microfinance (taux d'intérêt parfois très élevé, pouvant atteindre 30%) ;
  • les échéances de remboursement inadaptées à l'activité économique, notamment en matière d'investissement agricole ;
  • la sécurité des fonds et le recouvrement des créances ;
  • la fiscalité ;
  • la corruption.

photo4Les femmes entrepreneures ont bien mesuré les avantages de sortir de l'informel (protection juridique, protection sociale, et accès facilité au crédit, séparation du patrimoine). Nous leur avons également présenté et distribué les différents formulaires qui doivent être renseignés en vue d'une immatriculation comme commerçante personne physique ou personne morale (sociétés commerciales ou coopératives).

Un modèle de statut de Société à Responsabilité Limitée Unipersonnelle OHADA, conforme aux dispositions de l'Acte uniforme OHADA révisé entré en vigueur le 5 mai 2014 dans l'ensemble de l'espace juridique unifié OHADA, a été distribué par participants. Le but de tous ces exercices était de démontrer que les formalités à accomplir pour être en conformité avec la loi ne sont pas aussi complexes qu'elles peuvent de premier abord paraître.

Entreprendre au féminin : négocier, rédiger et sécuriser ses contrats commerciaux.

Ce module nous a permis démontrer aux femmes entrepreneures la nécessité d'établir des contrats écrits dans leurs relations commerciales, la plupart des engagements étant trop souvent pris de manière verbale. Nous avons également insisté sur la nécessité d'être très vigilants sur les contrats signés. Un modèle de contrat de bail à usage professionnel a été remis à toutes les participantes.

Entreprendre au féminin : sécuriser ses créances et optimiser la gestion de sa trésorerie grâce aux solutions qu'offrent le droit et la jurisprudence OHADA.

photo5Les problèmes de trésorerie figurent parmi les principales difficultés rencontrées par les femmes entrepreneures. Les impayés constituent la première cause de faillite de ces dernières.

Les témoignages des femmes entrepreneures nous ont permis d'attirer leur attention sur les bonnes pratiques et les mauvaises pratiques en cas d'impayés.

Nous avons notamment insisté sur la nécessité de conserver une preuve écrite de la créance, de procéder à des relances en laissant des traces écrites, et d'aller devant le juge en cas d'échec de l'arrangement amiable. La procédure OHADA d'injonction de payer a aussi été présentée en détail, en mettant en évidence son utilité et ses avantages.

Entreprendre au féminin : accéder équitablement au financement des activités des femmes entrepreneures : les difficultés relevées et les pistes de solutions.

L'obtention d'un financement est l'une des préoccupations majeures des femmes entrepreneures. Cependant, souvent celles-ci, par manque d'information et de suivi, ne mettent pas en œuvre cette demande de financement. Nous avons relevé plusieurs raisons à cette absence de mise en œuvre ou échec dans l'obtention d'un financement.

En effet, selon leurs témoignages, les femmes commerçantes participantes se financent principalement par le biais des tontines (Likelemba), comme il est de tradition africaine. Elles ont cependant relevé des écueils face à ce type de financement qui sont parfois le comportement répréhensible de certaines femmes entrepreneures qui ne remplissent pas leurs obligations de paiement, ou encore la méconnaissance des interlocuteurs parties prenantes. Pour pallier ces difficultés, certaines ne s'associent qu'avec des partenaires avec lesquels elles ont un historique (relations commerciales...). Malgré ces précautions, le risque de non-paiement demeure. De plus, les montants ne sont pas forcément élevés et ne permettent pas de faire face à tous les besoins.

Pour encourager les femmes entrepreneures à solliciter les financements bancaires, Madame NOELLA KAVIRA, conseiller juridique à la RAWBANK SA, a présenté le circuit de constitution d'un dossier de demande de financement dans les banques congolaises.

Entreprendre au féminin : développer son activité en s'associant aux autres et en ouvrant son capital aux investisseurs.

photo6Cette problématique a fortement intéressé les femmes entrepreneures. L'un des soucis majeurs relevés était la crainte pour les femmes entrepreneures que leur activité ou projet ne soit copié ou détourné par les personnes avec lesquelles elles partagent leur projet. Nous avons présenté quelques outils leurs permettant de pallier ce problème tels que la signature d'un accord de confidentialité préalablement à toute communication sur les projets.

L'essentiel était de s'assurer que les femmes entrepreneures connaissent l'existence des modes alternatifs aux financements traditionnels, et prennent conscience du fait que certaines pratiques usitées n'étaient pas en conformité avec les règles légales.

Entreprendre au féminin : intégrer la conformité légale dans la stratégie de gouvernance de son entreprise.

Dans cette section, nous avons récapitulé les différentes obligations auxquelles une chef d'entreprise doit se conformer, les avantages d'une telle conformité, et les sanctions en cas de non-respect de ces obligations.

photo7Les formateurs ont attiré l'attention des femmes entrepreneures sur la nécessité impérative de tenir une comptabilité et de garder tous les documents justificatifs de leurs activités (bons de commande, factures, bons de livraison, etc...).

De nombreuses femmes entrepreneures ne tiennent en effet pas nécessairement de comptabilité suffisamment formelle et rigoureuse et rencontrent de ce fait de nombreuses difficultés.

Les formateurs ont également fortement recommandé, en cas de difficultés à payer leurs fournisseurs, de solliciter des délais de paiement (en proposant des échéanciers), plutôt que de rester silencieuses comme le font certaines d'entre elles.

Entreprendre au féminin : prévenir et régler autrement les litiges commerciaux, les solutions du droit OHADA.

Les formateurs ont initié les femmes entrepreneures à la pratique de la conciliation et de la médiation, techniques que certaines d'entre elles utilisaient déjà en ayant recours à un tiers pour résoudre leur litige avec leur client ou avec leur fournisseur.

La remise des attestations de formations à toutes les participantes a été effectuée à la fin de la formation. Un cocktail de fin a été offert à toutes les participantes par les l'entreprise brassicole BRASIMBA qui a sponsorisé cette session de formation en tant que partenaire.

Trois autres sessions de renforcement des capacités juridiques des femmes entrepreneures (Droit OHADA) seront organisées au quatrième trimestre 2014 à Yaoundé, Kinshasa et Abidjan.

Pour toute information complémentaire, veuillez contacter :

M. Fidèle KYOMBA
Email : fidele.kyomba@aedj.org
Ou Me Christian KAKELE
Email : christian.kakele@aedj.org

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