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Les sociétés cotées de l'espace OHADA désormais contraintes de publier leurs résultats financiers selon les standards IFRS

A l'issue du conseil extraordinaire des ministres de la justice et des finances des pays membres de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) qui s'est tenu le 26 janvier 2017 à Brazzaville au Congo, il a été procédé à une actualisation du système comptable en vigueur dans cet espace juridique.

Parmi les trois grands ajustements, « obligation est désormais faite aux entités inscrites à une bourse des valeurs ou faisant appel public à l'épargne, de produire en sus de leurs états financiers individuels en normes SYSCOHADA ou selon le référentiel comptable spécifique à leurs activités, des états financiers en normes internationales d'information financière (IFRS) afin de garantir la qualité et la comparabilité des données produites ».

La mise en œuvre de cette mesure devrait changer fondamentalement la communication financière, notamment sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l'UEMOA, la Douala Stock Exchange ou encore la Bourse des Valeurs Mobilières d'Afrique Centrale.

Jusqu'ici, et à l'exception de la Sonatel (Orange Sénégal) qui produit des résultats financiers plus détaillés, les sociétés cotées sur ces trois marchés se contentent souvent de publier des éléments relatifs au chiffre d'affaires, les charges et deux ou trois autres éléments du compte des résultats.

Avec la nouvelle instruction OHADA, elles devront désormais publier l'état du Bilan (Passif et Actif), le compte détaillé de résultats, le compte de trésorerie qui présente les mouvements de cash, et les dynamiques dans l'actionnariat. En plus de cela, elles seront tenues d'accompagner ces résultats de notes explicatives et de commentaires de dirigeants.

Le communiqué de l'OHADA n'a pas été clair sur le délai de la mise en œuvre de cette mesure. Mais pour la BRVM le plus important des trois marchés, débuter sa mise en application au plus tôt serait le mieux. Depuis le dernier trimestre 2016, ce marché financier fait désormais partie du groupe Morgan Stanley Capital International Frontier Market, qui lui ouvre la voie à un panier plus large et plus liquide d'investisseurs internationaux, qui sont plus exigeants en termes d'informations financières.

La DSX et la BVMAC des places financières encore très faibles, semblent juste être des victimes collatérales de leur consœur basée à Abidjan, et qui atteint chaque jour un nouveau stade de maturation. Les trois sociétés cotées sur la Bourse de Douala font aussi l'effort minimum de publier leurs résultats, tandis que celle cotée sur la BVMAC ne donne pas d'indication financière à la mesure de l'ambition de ce marché, à savoir l'Afrique centrale.

La publication des comptes selon les normes IFRS n'est pas nouvelle en Afrique subsaharienne et de nombreux pays expérimentent avec succès cette méthode de fourniture de l'information financière des sociétés, aux investisseurs ou potentiels investisseurs. C'est le cas au Kenya et au Nigéria deux important marchés financier de la région. Au Maghreb, la Tunisie et le Maroc sont de bons exemples pour ce qui est de l'espace francophone.

Idriss Linge
www.agenceecofin.com

Commentaires

  • 31/01/2017 16h46 JEAN GILLES BIAMOKO

    S'il n'y a point de doute que cette mesure portera les assujetties à davantage de transparence en raison de la fiabilité des informations à diffuser, il est néanmoins peu évident que sa mise en œuvre garantisse la résilience de nos économies d'Afrique subsaharienne francophone face à la volatilité que cette mesure peut entraîner.

    Dans le silence du droit OHADA, chaque Etat membre ou les régulateurs de marchés sont tenus de veiller à la stabilité financière des places financières.

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