Préfacé par le Secrétaire Permanent de l'OHADA, Emmanuel Sibidi DARANKOUM, ce « Manuel de l'intelligence économique en Afrique », coordonné par Loukman KONATE et Stéphane MORTIER, dresse un aperçu des concepts, des enjeux et des pistes de réflexion nécessaires pour faire de l'Afrique un acteur de la guerre économique et non plus un terrain de bataille de celle-ci. 30 contributeurs de 13 nationalités se sont prêtés à un exercice tant inédit que structurant sur la thématique.

En effet, à la fois rempart contre la prédation économique et vecteur d'accroissement de compétitivité ou de puissance, l'intelligence économique constitue un enjeu particulièrement stratégique pour le continent africain. Le concept est souvent mal compris ou mal interprété, ce qui induit une mise en pratique erronée, inefficace voir contre-productive. Une tentative de clarification conceptuelle était indispensable pour comprendre les enjeux auxquels est confronté tout un continent. Énergie, droit, conformité, cybersécurité, changement sociétaux, sécurité, ... sont autant de sujets relatifs à la sécurisation du climat des affaires, au développement des acteurs économiques, à l'accroissement de puissance des États et des organisations régionales. L'enjeu et les objectifs sont particulièrement importants et l'intelligence économique peut indéniablement contribuer à les atteindre.

Plusieurs initiatives sont d'ores et déjà en marche comme la ZLECAf, mais aussi le développement de concept comme la « Yohali intelligence » ou encore l'utilisation de matrices en matière de sécurité (économique). Également des tentatives de mise en place de politiques publiques d'intelligence économique ont vu le jour mais demandent des ajustements et une agilité plus importante. Ce Manuel se veut un point de départ vers une culture africaine de l'intelligence économique, inspirée de l'existant certes mais surtout empreinte des réalités, des cultures et des savoirs africains.

Plusieurs juristes spécialisés en droit OHADA figurent parmi les contributeurs : Mamadou DIAN DIALLO (Guinée), Victor KALUNGA TSHIKALA, René ILONGO MULALA, Symphorien MPOYI TUKOME, Dezzy MUKEBAYI MUAMBA, Brozeck KANDOLO (RDC).

Préface du Secrétaire Permanent de l'OHADA, Emmanuel Sibidi DARANKOUM :

Voici une approche singulière du continent africain : l'approche par le concept d'intelligence économique ! Le rôle que joue l'information dans notre monde actuel n'est plus à démontrer. Chacun de nous, en tant que personne physique, au quotidien, échange, envoie, reçoit, diffuse, partage de l'information. Il en va bien entendu de même pour les personnes morales, qu'elles soient des institutions publiques, des acteurs économiques ou encore de la société civile.

L'intelligence économique, que je résumerais, comme étant la gestion de l'information stratégique utile à l'acteur économique dans un objectif d'accroissement de compétitivité (ou pour une institution dans un objectif d'efficience) ne peut que constituer une méthode, un outil, une démarche utile à tous, dans un contexte de guerre économique. Le continent africain ne fait pas exception, bien au contraire. Il est à la fois le terrain d'affrontements économiques et un vivier extraordinaire de savoir-faire, de richesses naturelles, et d'une jeunesse en quête de projets et d'innovations. Alors oui, intelligence économique et Afrique ont un bout de chemin à parcourir ensemble.

À ma grande satisfaction, j'ai remarqué que plusieurs auteurs, tant africains qu'européens, ont mentionné l'OHADA dans leurs contributions. J'en suis honoré certes, mais surtout cela me conforte dans les projets futurs de l'OHADA. Je pense ici notamment au droit du commerce numérique, à la responsabilité sociétale des entreprises, aux questions environnementales et éthiques... Autant de chantiers déjà ouverts et pour lesquelles nous nous investissons au quotidien.

Cela démontre que la place du droit dans la société, dans les échanges, dans le développement des économies et des peuples, est d'une importance cruciale. Par le droit, et pas que le droit des affaires, mais tous les domaines du droit, nous organisons la vie en société et par conséquent la vie économique (qui n'est qu'un ensemble d'échange entre des individus de la société). Par l'économie, le développement puis la redistribution sont possibles : redistribution en infrastructures, en prestations sociales, en services publics de qualité... Tout cela semble en effet intimement lié, de près ou de loin, à une recherche de création de valeur, de compétitivité. L'intelligence économique se pose dès lors comme un vecteur de création de valeur.

Les contributeurs à ce Manuel de l'intelligence économique en Afrique, au-delà de leurs différences (une douzaine de nationalités, des femmes et des hommes, des Africains et des Européens, des spécialistes reconnus, des jeunes et des moins jeunes, des académiques et des opérationnels) ont réussi le pari d'un ouvrage à l'image du continent africain : d'une grande diversité, mais d'une homogénéité presque parfaite ! Les réflexions, tant théoriques que stratégiques ou encore prospectives autour du concept d'intelligence économique s'agrègent pour former une construction fluide, limpide et mettant l'accent là où il était, et est, nécessaire de le mettre. Sans détours, sans a priori, les auteurs ont su identifier les enjeux stratégiques, avec les forces et les faiblesses inhérentes à ces enjeux, auxquels le continent africain devra répondre dans les prochaines années. Ces enjeux sont introduits par des éléments théoriques présentés par les plus grands spécialistes de la discipline, certains pionniers de la discipline.

Veille, sécurité économique, influence, mais pas uniquement comme le souligne Nicolas Moinet dans sa contribution : la logique de l'intelligence économique est celle d'une complexité marquée par la convergence de quatre ruptures majeures : une rupture méthodologique (économie de la relation), une rupture technologique (les bouleversements induits par la société de l'information), une rupture quantitative (passage d'une logique industrielle à une logique de la solution, de l'usage et de la pertinence), une rupture qualitative (due à l'économie de l'immatériel dont le fonctionnement est à l'opposé de celui de l'économie matérielle). Le contexte est posé, l'intelligence économique n'a plus qu'à dérouler son action pour accompagner les décideurs à répondre aux enjeux de demain, dans les meilleures conditions possibles, avec une véritable vision stratégique pour le continent africain.

J'invite les lecteurs, que je souhaite nombreux, à ne pas rester passifs après la lecture de cet ouvrage, mais à en tirer la substance pour alimenter leurs propres réflexions, pour réfléchir aux axes stratégiques futurs, pour développer de véritables démarches d'intelligence économique en Afrique. Le Manuel de l'intelligence économique en Afrique s'adresse tant aux décideurs, aux chefs d'entreprises, aux agents de l'État ou des Organisations régionales qu'aux professeurs, chercheurs et étudiants, aux consultants, aux entrepreneurs, aux innovateurs et plus que tout, aux amoureux de l'Afrique !

Toutes nos félicitations vont à celles et ceux qui se sont mobilisés pour offrir ce bel ouvrage dédié à l'intelligence économique en Afrique. Plus particulièrement encore, mes félicitations à Loukman KONATE, jeune ivoirien qui, au-delà de la coordination de ce Manuel, s'engage pleinement pour le développement de l'intelligence économique en Afrique en coordonnant les activités du « Débat africain de l'intelligence économique ». Également Stéphane MORTIER, professionnel reconnu de la discipline, mais aussi défenseur du droit OHADA dans le cadre des activités de l'Association pour l'Unification du Droit en Afrique (UNIDA/ohada.com) qui a beaucoup travaillé à la réalisation de ce projet.

L'ouvrage est disponible auprès de l'éditeur : www.va-editions.fr

Ou sur les plateformes spécialisées : www.amazon.fr

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Loukman KONATE
Email : loukmankonate@gmail.com